yinyan

Le yin et le yang

 

Le Qi est ce qui est à l’origine de tout phénomène, il représente le Un c’est-à-dire le souffle primordial d’où prennent naissance le Yin et le Yang. Dans le Huangdi Nei (ou Classique interne de l’empereur Jaune) qui est le plus ancien ouvrage de médecine traditionnelle chinoise attribué au mythique empereur Jaune (Huangdi, XXVIIIe siècle av. J.-C.) il est écrit que dans l’immensité de l’espace, il existe une énergie essentielle, qui donne naissance à tous les éléments et s’y intègre.

Le QI est la profonde unité qui imprègne l’univers et la vie. Mais la manifestation de cette énergie peut prendre de multiples aspects qui répondent tous aux mêmes principes universels. Tout part d’une énergie commune que l’on nomme le Qi. En ce qui concerne directement le corps et la santé, on peut traduire le Qi par  » énergie vitale ».

En occident, lorsqu’on parle d’énergie c’est en général pour évoquer une notion abstraite (énergie hydraulique, énergie thermique, …) ce n’est que depuis 1930 grâce à Einstein que l’on admet que l’énergie et la matière sont indissociablement liés. En orient, les notions de matières et d’énergies sont inséparablement liées depuis le début, toute matière est également énergie, l’un ne peut exister sans l’autre. C’est pourquoi le Qi qui est l’énergie universelle se divise en deux énergies distinctes, mais complémentaires et inséparables le Yin et le Yang pour se manifester.

Les occidentaux ont tendance à être influencés par le dualisme. Par exemple, dans notre culture, on sépare clairement la physique et la métaphysique. Ce type de raisonnement ne tient pas lorsqu’on aborde le Yin et le Yang bien que ce soient deux forces distinctes on ne peut les séparer. Il faut plutôt considérer que l’une est le complément de l’autre. Si l’une n’existait pas, l’autre non plus. L’une est même la conséquence de l’autre. Par exemple, le concept de grandeur n’est rien si le concept de petitesse n’existe pas. De même, la chaleur et la transpiration font partie du même processus. Les deux forces font donc partie d’un tout. Séparer ce tout et les traiter individuellement n’a pas de sens. Cette unicité est confirmée par la science:

Tout comme il est insensé de séparer le Yin du Yang, la science moderne nous a démontré que toute particule est onde et réciproquement. Mieux, toute masse est énergie et toute énergie est masse, par la célèbre relation d’Einstein

Cette unicité de Yin et du Yang, est présente dans le Tai chi:

 

 

 ying yang Le nom de ce symbole est le Tai Chi, ou, en cantonnais, le Tai Kik.

Il est à noter que ce symbole signifie que le Yin et le Yang sont deux parties d’un seul tout. Chacune de ses parties renferme les qualités de la partie complémentaire. Il est donc important de ne pas séparer, « dualiser » chacune des parties pour en faire une entité individuelle. Cela n’aurait pas de sens.

Le symbole peut (doit) être regardé comme cela: la partie noire du cercle représente une colline et le point blanc est un nuage devant cette colline. Le point noir pourrait représenter le soleil dans le ciel.

 

Le noir représente le Yin et le blanc le Yang, comme rien n’est jamais totalement Yin ou Yang, le cœur du Yang (représenté par un point noir) est Yin et le cœur du Yin est Yang (point blanc dans le noir). Les ondulations nous informent que tout ce qui est Yin cherche à devenir Yang et tout ce qui est Yang cherche à devenir Yin (le Yang va vers le Yin et le Yin va vers le Yang). Le Ying et le Yang occupent le même espace dans le symbole ce qui nous informe que le Yin et le Yang s’équilibrent mutuellement, mais le mouvement précise que cet équilibre est dynamique et non statique.

Cette vision taoïste propose un univers, dont la partie perceptible par les sens est :

  • En éternel processus d’expérimentation. 
  • Un théâtre où s’interpénètrent, s’opposent et s’influencent mutuellement et cycliquement deux forces :

Des souffles dynamiques, transformateurs, séparateurs, multiplicateurs que l’on associe au principe Yang, plus masculin.

Des souffles passifs, stables, structurants, condensants, unifiants que l’on associe au principe Yin, plus féminin.

Ces puissances ou principes, présents depuis l’origine du monde et actifs jusqu’en chacun de nous, portent aussi le nom de : Yuan Yang, le Yang originel associé à la force créatrice des esprits; Yuan Yin, le Yin originel associé à la trame matérielle des essences.

L’interaction des forces du Yin et du Yang crée la multiplicité des phénomènes observables, qui sont les manifestations extérieures et éphémères du Tao.

La Théorie du Yin Yang embrasse l’ensemble des phénomènes observables, de l’interaction des astres et des planètes jusqu’à l’organisation délicate des moindres formes de vie. Cette théorie découle directement de la façon dont nous appréhendons le monde par nos cinq sens. Ce que nous percevons, c’est la surface du monde; nous la décodons et l’organisons dans notre mental, en procédant par catégorisation. Nous définissons et qualifions tout : les formes, les objets, les êtres vivants, nos relations, nos humeurs, les symptômes de nos maladies en procédant par comparaison. Ainsi, il est difficile de parler de la chaleur sans connaître le froid, de reconnaître la lumière si l’on ignore l’obscurité, de définir la sécheresse sans avoir senti l’humidité etc.

Tout comme l’énergie et la matière sont indissociables, tout comme une feuille comporte un recto et un verso, le Yin Yang englobe les deux composantes de tout ce qui est manifesté.

Le Yin et le Yang s’opposent. Le Yin et le Yang se complètent. Le Yin et le Yang sont inséparables. Tout est soit Yin, soit Yang provisoirement.

Le cerveau humain génère constamment des catégories qui nous permettent de procéder par généralisation et de mieux comprendre notre environnement. Cette hypothèse a d’ailleurs été confirmée, entre autres, par des études d’accidentés qui, à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC), peuvent, par exemple, se souvenir des noms des fruits, mais pas de ceux des légumes.

La Théorie du Yin Yang n’a pas attendu ces études pour affirmer que tout ce que nous percevons par les sens peut être classifié comme étant (à un moment spécifique) plus Yang ou plus Yin. Le caractère chinois qui désigne le Yang représente le côté d’une montagne exposé à la lumière, à la chaleur et au vent. Le caractère du Yin représente le côté de la montagne dans l’ombre des nuages, là où il fait plus frais, plus sombre et plus humide. Yin et Yang ne représentent toutefois pas une réalité figée, mais une tendance particulière.

 

Le monde dense, opaque, intérieur, sombre, humide, silencieux et stable de la terre est Yin comme l’opacité des nuages qui filtrent la lumière et apportent la pluie à la face la plus froide de la montagne. Le monde extérieur, aérien, chaud, sec, lumineux et changeant du ciel est Yang comme la face de la montagne exposée au vent et qui se transforme tout au long de la course du soleil d’est en ouest.

Le ciel est en haut, les souffles plus purs montent et s’y diffusent. Ce sont des qualités Yang. La Terre est en bas, les souffles plus grossiers et troubles descendent et s’y rassemblent. Ce sont des qualités Yin. La classification en Yin ou Yang de tout ce qui nous entoure est le fruit d’un découpage de la réalité propre à la culture chinoise.

 

 

 

Yang Yin
Ciel Terre
Ascendant, en haut Descendant, en bas
En expansion, diffus En contraction, dense
Évaporation Condensation
Pur Impur
Chaleur Froid
Sécheresse Humidité
Feu Eau
Mouvement Stabilité
Actif Passif
Jour Nuit
Soleil Lune
Est, soleil levant, matin Ouest, soleil couchant, soir
Sud Nord
Pleine Lune Lune noire
Croissance, affirmation Décroissance, déclin
Dynamisme Forme
Esprit Essences
Extérieur Intérieur
Tourné vers l’extérieur et les échanges Tourné vers l’intérieur et la conservation
Printemps et été Automne et hiver
Stimulant, fécondant Réceptif, nourricier
Fonctions sexuelles mâles Fonctions sexuelles femelles

 

La liste pourrait se poursuivre encore et encore. Cette classification est relative, car nous jugeons qu’un phénomène est plus Yin ou plus Yang selon certains critères, mais rien n’est Yin ou Yang de manière absolue. Par exemple, au mois d’avril, il nous semblera que les journées sont plus Yang que celles du mois de janvier, mais si on les compare aux beaux jours de juillet, elles paraissent bien Yin!

La terre est Yin par rapport au ciel, mais une terre aride et sèche sera Yang par rapport à une terre froide et humide (Yin) l’expression des polarités Yin ou Yang n’est jamais stable, elle n’existe qu’en tant que dynamisme. Yin et Yang s’opposent constamment et passent progressivement par différentes phases de croissance et de décroissance, selon des Cycles généralement prévisibles. L’obscurité et le froid de la nuit et de l’hiver alternent avec la lumière et la chaleur du jour et de l’été. Le froid et l’obscurité favorisent la condensation, la contraction, le repos, le repli vers l’intérieur… tandis que la lumière et la chaleur favorisent l’expansion, l’activité et les échanges.

La transition du Yin au Yang se fait progressivement et quand la croissance de l’un ou de l’autre arrive à son apogée, le mouvement s’inverse. Les cycles s’emboîtent les uns dans les autres : cycles de réchauffement et de refroidissement planétaires, cycles annuels, cycles quotidiens etc. Ensemble, ils définissent les caractéristiques des ères et des saisons qui, à leur tour, influencent la vie de la flore et de la faune et la nôtre.

Les rapports entre le Yin et le Yang sont inconstants et toujours en opposition, mais l’alternance cyclique donne une impression d’équilibre du Yin et du Yang. Au total, Yin et Yang semblent d’égale force, mais leur relation ressemble à la succession des sommets et des creux d’une montagne russe!

Quand le Yin croît, le Yang décroît, quand le Yang croît, le Yin décroît. Le Yin et le Yang s’équilibrent mutuellement par des relations de croissance et de décroissance. Cela ne se fait pas de manière brutale, mais progressive

 

·       Yin et Yang en action dans le corps:

 

L’action des viscères se répand dans tout l’espace corporel, à travers un abondant réseau de méridiens qui permet au Qi et aux substances de nourrir et de protéger l’organisme. Ces Méridiens se polarisent eux-mêmes en Yin et en Yang selon qu’ils sont enracinés dans les organes ou les entrailles et selon qu’ils circulent sur les faces entéro-médianes (Yin) ou postéro latérales du corps (Yang).

Comme dans la nature, le rôle des composants Yin et Yang du corps varie selon les phases d’activité et de repos et selon les cycles définis par l’environnement :

La respiration est plus rapide et saccadée le jour, ample et régulière la nuit.

Nous mangeons et digérons le jour. La croissance se fait la nuit, au repos.

Les muscles sont actifs le jour, passifs la nuit.

Les ouvertures sensorielles sont principalement en fonction le jour, nous permettant de recevoir une grande quantité de stimuli et d’alimenter notre corps, notre pensée et notre conscience.

La nuit, les ouvertures sensorielles sont fermées et seule l’ouïe est utilisée comme alarme. La mémoire se consolide et les rêves expriment les conflits non résolus.

L’énergie Yang, défensive, se mobilise à la surface le jour pour protéger peau et muscles contre les modifications climatiques. Elle circule en profondeur la nuit quand nous sommes assoupis, bien à l’abri, protégeant les organes.

L’énergie Yin, nourricière, bien qu’elle parcoure le corps en permanence, soutient l’activité des muscles et des ouvertures sensorielles le jour, elle permet aux organes de faire le plein et de stocker l’excédent la nuit, au repos.

Les facteurs Yang de l’environnement stimulent les Yang du corps et épuisent les composants Yin. Par exemple, une chaleur extérieure stimule le rythme cardiaque et diminue les liquides par la transpiration.

À l’inverse, les facteurs Yin de l’environnement stimulent les Yin du corps et affaiblissent les composants Yang. Par exemple, le froid et l’humidité permettent de conserver les liquides, mais épuisent les fonctions de réchauffement, nuisent à la circulation des substances et perturbent la transformation des aliments.

 

·       La maladie vue en Yin Yang

 

Lorsque des phénomènes extérieurs (chaleur, humidité, stress, aliments etc.), prenant à défaut nos capacités d’adaptation, créent des excès de Yin ou de Yang dans notre organisme, on voit apparaître des symptômes de déséquilibre. Ces derniers peuvent être analysés en termes de Yin Yang, ce qui nous aidera à déterminer si la maladie provient soit de l’excès d’un facteur pathogène (Yin ou Yang), soit de l’insuffisance d’une fonction normale du corps ou de sa structure sous-jacente, elles-mêmes également Yin ou Yang.

La classification des symptômes de maladie a longtemps été dominée par une grille d’analyse Yin Yang appelée les Huit Règles (BaGang) encore utilisée aujourd’hui. Cette grille propose au praticien de déterminer si l’affection est :

en surface (Yang) ou en profondeur (Yin);

de type excès (Yang) avec un caractère aigu et une abondance de facteurs pathologiques; ou de type vide (Yin) avec un caractère chronique et une faiblesse des fonctions normales. De type Chaleur (Yang) avec des signes d’inflammation ou d’infection; ou de type froid (Yin) avec des signes de froid, de stases etc.

 

·       Le corps humain vu en Yin Yang

 

Les organismes vivants peuvent être décrits comme l’agglomération d’un ensemble de phénomènes Yin Yang : l’humain est ordonné en différentes oppositions (tête/tronc, mains/pieds, gauche/droite, arrière/avant, surface/profondeur) qui constituent autant de paramètres Yin Yang.

La vie humaine provient de la tension entre le Yin et le Yang originels (essences et esprits) qui doivent être soutenus par les stimuli des saveurs (Yin) et des parfums (Yang) et par les QI contenus dans l’air (Yang) et les aliments (Yin).

Parmi les aliments, certains ont des caractéristiques dynamiques chaudes (Yang), d’autres froides (Yin).

Le QI acquis par l’intermédiaire des aliments, de l’air et des stimuli visuels, auditifs et tactiles fait son entrée dans le corps par les ouvertures du haut (Yang), entre autres la bouche et le nez. Les résidus (selles et urines) sont évacués par les ouvertures du bas (Yin).

La transformation des aliments et de l’air suppose une décantation du pur et de l’impur à l’intérieur du corps. Le pur prend diverses apparences : sous la forme du Sang et des Liquides organiques, il est Yin, matériel, nourricier, humidifiant; sous la forme du QI, il est Yang, circulant rapidement, nourrissant, réchauffant et protégeant.

Le Qi lui-même est qualifié de Yang Qi quand il protège et réchauffe et de Yin Qi quand il nourrit.

Le pur est conservé par les viscères Yin (les organes) et l’élimination de l’impure relève des viscères Yang (les entrailles).

Toutes les viscères sont contenues dans la profondeur du corps (Yin) s’opposant à la profondeur, la surface est constituée de la peau, des muscles et des ouvertures : la partie Yang du corps.

Les substances Yin (essences, liquides organiques et sang), en plus de modeler les structures matérielles du corps, permettent leur développement et leur croissance, les nourrissent, les réparent et les humidifient. Les substances Yang (esprits, Qi) utilisent ces mêmes structures matérielles pour réaliser une variété de fonctions : conscience (perceptions, pensée, jugement, mémorisation etc.), activités viscérales, circulation, protection, réchauffement, mouvements musculaires etc.

Enfin, d’autres caractéristiques sont réunies sous la bannière Yin ou Yang (l’hyperactivité, l’agitation, la sécheresse sont Yang etc.).

Cette transformation engendre des cycles, ainsi pour chaque manifestation du Yin et du Yang on peut observer sa naissance, sa croissance, sa maturité, son déclin et sa fin pour renaître à nouveau. Ce dynamisme est représenté par le cycle des cinq éléments